Fin d'année et surcharge informatique : éviter l'effondrement silencieux

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Dans beaucoup de PME d'Île‑de‑France, la fin d'année combine rush commercial, facture électronique, télétravail et systèmes informatiques déjà fatigués. Cet article propose une méthode concrète pour passer ce tunnel sans panne critique, en articulant infogérance, sauvegarde et sécurité.

Pourquoi la fin d'année fait exploser les fragilités informatiques

La surcharge informatique de novembre‑décembre n'a rien d'une surprise, et pourtant elle prend chaque année les PME au dépourvu. Tout se cumule : bouclage comptable, relances clients, projets qu'on voulait « terminer avant les fêtes », obligation de facture électronique qui se rapproche, sans parler des agendas explosés.

Concrètement, cela donne des serveurs saturés par des exports Excel absurdes, des VPN qui rament parce que tout le monde télétravaille deux jours par semaine, des sauvegardes qui plantent en silence faute d'espace disque, et un parc informatique qui tient plus par habitude que par conception.

Le plus inquiétant, c'est que cette fragilité est structurelle. Une architecture réseau bancale ne devient pas meilleure parce qu'on lui demande de traiter 30 % de charge en plus. Elle casse, simplement.

Cartographier les points de rupture avant qu'ils ne cassent

Identifier vos « single points of failure »

Première question à se poser : qu'est‑ce qui, s'il tombe, mettrait l'entreprise à genoux en pleine clôture d'exercice ? En pratique, on retrouve toujours la même liste :

  • le serveur (ou NAS) qui concentre comptabilité, production et partage de fichiers ;
  • l'accès Internet principal, souvent unique, qui porte aussi la téléphonie IP ;
  • la messagerie cloud, Microsoft 365 ou Google Workspace, mal sécurisée ;
  • la solution de sauvegarde, rarement testée en restauration.

Un audit rapide de parc informatique, même sommaire, permet déjà de repérer ces fragilités. Il ne s'agit pas d'écrire un roman technique, mais d'avoir une liste claire : machine, service, criticité, plan B. Sans cela, impossible de prioriser.

Classer les risques par impact business, pas par niveau technique

L'erreur classique des DSI improvisés en PME consiste à tout traiter au même niveau de gravité. En fin d'année, c'est suicidaire. Il faut classer en partant du métier :

  1. ce qui empêche de facturer ou d'encaisser ;
  2. ce qui bloque la production ou la relation client ;
  3. ce qui dégrade le confort de travail sans bloquer l'activité.

Un problème sur la téléphonie IP qui empêche un cabinet comptable de répondre à ses clients n'est pas du même ordre qu'un écran qui scintille dans une salle de réunion quasi vide. C'est brutal à dire, mais en fin d'année il faut assumer ces arbitrages.

Trois chantiers prioritaires pour passer le tunnel de décembre

1 - Sauvegardes : arrêter de croire sur parole les rapports « OK »

Les chiffres sont connus : selon l'ANSSI et Cybermalveillance.gouv.fr, la fréquence des attaques par ransomware ne baisse pas, bien au contraire. Et 80 % des entreprises sérieusement touchées par une perte massive de données ne s'en relèvent pas. En décembre, quand les esprits sont ailleurs, c'est la période rêvée pour un attaquant ou pour un simple accident humain.

Concrètement, avant le pic de fin d'année, il faut :

  • vérifier manuellement au moins une restauration de sauvegarde récente (un fichier, puis un dossier, puis un volume) ;
  • valider que les données critiques (compta, ERP, Sage, dossiers métiers) sont bien incluses dans le périmètre de sauvegarde ;
  • contrôler que les sauvegardes cloud à cloud (Microsoft 365, Google Workspace) sont opérationnelles, et pas seulement « prévues » ;
  • faire un point capacité : espace disponible, fenêtre de sauvegarde suffisante, chiffrement actif.

Un prestataire sérieux de télésauvegarde, comme ceux référencés par Cybermalveillance.gouv.fr, insistera toujours sur la supervision humaine. Les robots ne suffisent pas. C'est aussi l'approche défendue sur notre page La Sauvegarde de Données Informatiques.

2 - Internet et téléphonie IP : sécuriser la continuité minimale

En fin d'année, une coupure Internet de trois heures ne se vit pas de la même façon qu'un mardi d'août. Pourtant, nombre de PME franciliennes n'ont toujours qu'une seule connexion et aucun plan de secours, alors que toute leur téléphonie IP et leurs outils cloud reposent dessus.

Les bonnes pratiques, désormais assez claires, sont les suivantes :

  • deux accès Internet hétérogènes (fibre + xDSL ou 4G/5G), idéalement chez des opérateurs différents ;
  • un routeur ou firewall capable de basculer automatiquement en cas de panne ;
  • un standard téléphonique type 3CX correctement intégré au réseau, et non pas posé à la va‑vite sur une box grand public ;
  • des procédures simples : qui appelle l'opérateur, comment prévenir les équipes, quelles fonctions sont dégradées.

Sur ce thème, l'ARCEP publie régulièrement des indicateurs de qualité de service intéressants pour objectiver les choix d'opérateurs (arcep.fr). Cela évite de décider uniquement sur le prix, ce qui est généralement une mauvaise idée.

Si votre socle technique n'est pas au niveau, c'est le moment de relire certains conseils de fond sur la facture électronique ou sur la gestion Sage : la continuité de service n'est plus un luxe, c'est une condition de conformité.

3 - Organisation du support : sortir du mode « chacun bricole dans son coin »

Le troisième chantier est moins technique mais souvent plus dévastateur : la gestion des demandes utilisateurs. En décembre, on voit resurgir les tickets informés « URGENT » pour des sujets qui n'ont rien d'urgent, pendant que de vrais incidents restent coincés dans une boîte mail sursaturée.

Trois décisions simples changent déjà la donne :

  • imposer un canal unique pour les demandes (outil de ticketing, au pire une adresse mail unique surveillée) ;
  • définir des catégories : incident bloquant, incident gênant, demande d'évolution, question ;
  • afficher des délais de prise en charge clairs, même imparfaits, et s'y tenir.

C'est ce qui distingue une infogérance sérieuse d'un prestataire au fil de l'eau : une priorisation explicite, partagée, qui protège à la fois les utilisateurs et les équipes techniques. L'objectif n'est pas de faire joli dans un PowerPoint, mais d'éviter que la production s'enraye pour de mauvaises raisons.

Cas concret : une PME francilienne qui a décidé de préparer sa fin d'année

Une PME de services à Paris, environ 60 postes, nous a sollicités il y a quelques années après un mois de décembre catastrophique : pannes répétitives d'imprimantes, lenteurs réseau, accès distants instables, et un serveur de fichiers saturé le 27 décembre. Rien d'exotique, simplement un système laissé vivre tout seul.

Nous avons commencé par un audit très simple du parc informatique : inventaire, cartographie des applications critiques, tests de restauration. Très vite, les priorités sont apparues :

  • serveur principal remplacé par une architecture plus modeste mais bien conçue, avec sauvegarde redondée supervisée ;
  • mise en place d'un accès Internet secondaire 4G avec bascule automatique ;
  • réorganisation du support utilisateur avec création de catégories d'incidents et d'un numéro unique.

Le décembre suivant, il y a bien eu des incidents, il y en a toujours. Mais ils n'ont plus pris en otage la facturation ni la relation client. Le parc n'était pas parfait, simplement maîtrisé. La nuance est énorme.

Et après décembre : transformer le stress en méthode

La véritable question, c'est ce que vous faites de ce retour d'expérience une fois passé le 31 décembre. Soit on souffle, on oublie, et on recommence la même roulette russe l'an prochain. Soit on documente froidement ce qui a cassé, ce qui a tenu, et on en fait un plan d'action.

Quelques pistes réalistes pour une PME d'Île‑de‑France :

  • formaliser un mini plan de reprise informatique centré sur 5 à 10 scénarios concrets (ransomware, panne Internet, serveur HS) ;
  • programmer une revue annuelle du parc, au printemps, loin des pics d'activité ;
  • poser noir sur blanc les responsabilités entre direction, référent interne et prestataire d'infogérance.

Vous n'avez pas besoin d'un grand soir technologique, mais d'une discipline modeste et régulière. Et si vous voulez aller plus loin, rien n'empêche d'explorer des approches plus structurées comme le RSSI à temps partagé ou une refonte globale de votre assistance informatique.

Passer l'hiver sans casser l'outil de travail

Au fond, la question n'est pas de savoir si votre informatique est parfaite. Elle ne le sera jamais. La seule chose qui compte, c'est votre capacité à encaisser les coups sans que l'entreprise s'arrête net, surtout quand la pression de fin d'année est à son maximum.

Si vous avez le sentiment que votre parc informatique tient par habitude, que vos sauvegardes reposent sur la chance, ou que votre téléphonie IP n'est pas aussi robuste qu'elle le devrait, ce n'est pas un caprice d'expert : c'est un risque business très concret. Mieux vaut le traiter à froid que la veille des congés.

Vous pouvez commencer par passer en revue vos points de fragilité à partir des informations déjà présentes sur ce site, puis, le cas échéant, demander un audit de votre parc via la page d'assistance informatique. Effort modeste, impact considérable, surtout quand arrive l'hiver.

Pour approfondir, les guides pratiques de l'ANSSI et les fiches de Cybermalveillance.gouv.fr offrent un complément utile. À condition, bien sûr, de ne pas les laisser prendre la poussière dans un dossier téléchargements.

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